Le retour de Madame M

Publié le par MummyBlues

 

 

Madame M est en « congé Mat ». Entre deux visites avec la SF ( Sage-femme) et l’AS (Assistante maternelle) elle souhaiterait venir déjeuner avec moi. (Quand donc pourrais-je moi aussi employer ce langage obscur ?). Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vues, argues-t –elle. Oui, depuis que son ventre s’est dangereusement alourdi et que j’ai fait semblant de manquer tous ses appels.

Je sais, c’est injuste, m’enfin, on se protège comme on peut.

Bref, me voilà à attendre Madame M à la sortie du métro pour ce déjeuner auquel je me rends à mon corps défendant. Elle me sourit dès qu’elle m’aperçoit tandis que moi, je ne peux détacher mon regard de l’énorme protubérance. Deux bises, et je commence à marcher quand j’entends loin derrière moi un plaintif « moins vite, je suis ENCEINTE !!! ». Tiens, il me semblait pourtant marcher à pas de fourmi. Je ralentis donc encore le rythme, mais ce n’est pas encore assez. Elle halète, manque de suffoquer. Si je marche moins vite, je m’arrête, me dis-je tout bas. Avec un sourire patient, je l’attends tous les trois pas. Il ne manquerait plus qu’elle perde les eaux là tout de suite, avec moi….

Ah, le choix cornélien du restaurant. Trois snacks sont écartés d’emblée : « trop sombre », « trop sale », « douteux ». Je regarde discrètement ma montre, ma pause déjeuner est déjà sérieusement écornée. Ouf, la quatrième boulangerie fait l’affaire.

Reste le douloureux choix du menu : le sandwich trop lourd, la salade toxoplasmosive, la quiche pâlote… A bout, le boulanger dégote une soupe de saison qui déclenche une explosion de joie (sûrement les hormones).

A peine installées, je déclenche le tsunami verbal par un bref « comment ça va ? ». J’ai donc droit aux volets sur l’insupportable belle-mère, la non moins supportable mère, l’inattentionné mari (il appellera pourtant deux fois son épouse au cours de cette courte pause-déjeuner)…

Pendant ce temps là je machouille mon sandwich d’un air pénétré, regardant du coin de l’œil ma montre. Je passe en mode pilotage automatique, un « ah oui ? nan ? pas possible ? »  de temps en temps suffisent à entretenir la conversation. Qu’elle est étrangement longue cette pause- déjeuner. Soudain, les mots «  baptême », « porter le bébé », « toi » m’interpellent. Ai-je bien compris ? elle me demande de porter le bébé vers l’officiant pendant le baptême ? Pendant une poignée de secondes, je suis envahie par la culpabilité. Une telle marque d’amitié alors que moi, de mon côté….?

Mais soudain, elle croit bon de rajouter : « en fait, vous serez deux à le porter, il y aura la cousine de la belle-sœur de mon mari qui est aussi stérile ». Je manque de m’étouffer sous la violence de l’attaque. Des larmes me montent aux yeux tandis que je lance un regard accusateur vers le ciel pour le prendre un témoin de ce nouveau coup.

Mésinterprétant mon émotion, elle me tapote la main : « mais non, ce n’est rien, ça me fait plaisir ». Je marmonne un « merci mais non » émue, elle insiste. Il faudra que je me trouve une sérieuse excuse pour ne pas y assister…

Ouf, sauvée par le gong, il est plus que temps pour moi de retrouver mes collègues. Qu’ils m’ont manqué.

Deux semaines plus tard, à la date du baptême, j’aurai une excuse de choix pour ne pas yassister : de violents maux de ventre me conduisent aux urgences où je séjournerai une bonne semaine. J’ai envie de dire «  thanks God »… mais… tu pourrais pas m’éviter de me trouver dans ces situations plutôt que t’ingénier à me trouver des alibis ? ça serait trop demander hein ?

 

 

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I
En effet, réel manque de délicatesse ! Elle ne pensait peut être pas à mal mais je comprends tout à fait ton point de vue j'aurais surement réagit pareil !
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M
<br /> Quel horrible déjeuner.... Parce qu'en plus, elle pensait sincèrement te faire un honneur en portant SON bébé jusqu'à l'autel? mais quel manque de délicatesse, ça me rend dingue...<br /> Si je puis me permettre de te poser la question, où en est-tu aujourd"hui par rapport aux traitements? tu n'es pas obligée de me répondre...car je sais que ma question est très indiscrète! Courage<br /> en tout cas!!!!!<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Mais quelle greluche ! Comment on peut être à ce point indélicat ?! J'aurais réagi comme toi et en renversant malencontreusement son plateau avec son bol de soupe bouillante...<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Quelle nouille cette protubérance sur pattes, comment peut elle oser dire ça ? ... affreux ! Content de te retrouver même si les nouvelles ne sont apparemment pas si bonnes :s<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Quelle connasse cette copine, quelle insulte de t'appeler stérile<br /> <br /> <br />
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